FICHE REVISION CORRIGEE

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I- Constat sur les inégalités

Une inégalité c’est une différence qui débouche sur des avantages ou des désavantages. Un avantage est à définir comme étant un accès privilégié à des ressources rares valorisées par la société que sont la consommation (le revenu), le prestige et le pouvoir (légitimité à donner des ordres, principalement dans un rapport de subordination).

 

Il existe un certain nombre d’inégalités. Ainsi, elles peuvent être économiques ou sociales.

 

Les inégalités économiques

Quand on fait référence aux inégalités économiques, il s’agit surtout des inégalités de salaire et de patrimoine.

En ce qui concerne les inégalités de salaire entre PCS peuvent s’expliquer par des différences de diplôme et de responsabilité dans l’entreprise. Il existe également des inégalités intra catégorielles qui sont dues à des  à des critères individuels comme l’âge, le diplôme, l’expérience ou le sexe ou des critères collectifs : la taille de l’entreprise, le secteur d’activité et la politique salariale de l’entreprise. En parallèle, il existe des inégalités de patrimoine entre PCS. Ainsi, ceux qui ont le patrimoine le plus élevé sont les indépendants comme les professions libérales ou  les cadres alors que pour les ouvriers non qualifiés, il est très faible.

Ces inégalités de patrimoine sont plus fortement marquées que les inégalités de revenus puisque ce patrimoine n’est pas accessible à tous les ménages. Les ménages à faible revenu ont une propension à épargner faible alors que les ménages à fort revenu ont une propension à épargner plus forte.

De plus, l’héritage va favoriser les inégalités. En effet, les ménages qui ont peu de patrimoine en légueront peu ce qui renforcera les inégalités sur plusieurs générations. Ce patrimoine va à son tour renforcer les inégalités de revenu puisqu’il permet de dégager des revenus du patrimoine (intérêts, dividendes…) ce qui vont permettre d’accumuler du patrimoine et donc d’avoir plus de revenus…On constate donc que les inégalités se renforcent.

 

L’évolution des inégalités économiques

Selon la loi de Kuznets, les inégalités se développeraient pendant la période de développement, d’industrialisation et d’urbanisation des sociétés agricoles traditionnelles puis ces inégalités devraient se stabiliser pour diminuer. Ce modèle de réduction des inégalités après l’industrialisation a été confirmé en France jusqu’en 1986.

Les inégalités salariales ont fortement diminué entre 1914 et les années 80 raison notamment d’un rattrapage par le bas permis par l’instauration du SMIG (en 1950) remplacé par le SMIC en 1970. A cela, il faut ajouter qu’à partir des accords de grenelle de 1968 des « coups de Pouce » ont été donnés au SMIG. Enfin, l’instauration de l’IRPP en 1918 a permis de limiter les inégalités.

Pourtant, depuis les années 80, les inégalités salariales ont augmenté. On accuse la mondialisation d’être à l’origine de la montée des inégalités en raison d’un alignement sur le moins disant c’est à dire sur la rémunération des non qualifiés des PED. Pourtant, cette explication ne semble pas pertinente puisque les non qualifiés travaillent surtout dans les services, secteur qui est peu concerné par le problème de la mondialisation. De plus, le phénomène n’est pas nouveau, il ne permet donc pas d’expliquer l’augmentation récente des inégalités. D’autres explications jouent comme le développement de la sous traitance qui a été à l’origine de la précarisation et  la multiplication des salariés atypiques entraînant de très bas salaires. La réorganisation des systèmes de rémunération (flexibilité, individualisation) profite davantage aux salariés qualifiés et crée un écart plus conséquent. Les syndicats n’ont pas  jouer leur rôle pour augmenter la part des salaires dans la valeur ajoutée en raison d’un fort taux de chômage et ils ne se sont pas souciés des emplois atypiques. Enfin, la baisse du nombre d’emplois peu qualifiés provoque une pression à la baisse sur le bas de l’échelle des salaires puisque le progrès technique aurait dévalorisé le travail des travailleurs peu qualifiés jouant expliquant cette pression à la baisse des salaires.

Quant aux revenus du patrimoine, ils  ont connu une hausse rapide laissant supposer un retour possible des rentiers et expliquant cette accélération des inégalités de patrimoine: d'abord parce que les prix des actifs patrimoniaux (comme le logement) ont augmenté beaucoup très vite et les revenus tirés du patrimoine ont augmenté beaucoup plus vite que les revenus du travail.

 

Les inégalités socioculturelles

Il existe en plus un certain nombre d’inégalités sociales comme les inégalités face aux biens d’équipements par exemple internet. On peut expliquer ces inégalités par les inégalités de revenu mais aussi par le capital culturel. Les  inégalités face à l’école trouve aussi leurs justifications dans ce capital culturel. Ainsi, un enfant des milieux populaires va moins bien réussir, ira dans des filières plus courtes et moins prestigieuse que l’enfant des milieux favorisés. On entre alors dans un cercle vicieux qui pousse à la reproduction sociale.

On peut également citer les inégalités face à la mort car l’espérance de vie est plus faible chez les ouvriers que chez les cadres cela peut s‘expliquer par les conditions de travail plus difficiles pour les ouvriers et les employés que pour les cadres ce qui génèrent plus d’accident de travail et de maladies professionnelles, par le fait que les cadres utilisent mieux la sécurité sociale que les ouvriers et leur revenu leur permet également de mieux s’alimenter et donc d’avoir une espérance de vie plus élevée. Enfin comme dernier exemple on citera les inégalités hommes/femmes tant dans le choix de l’orientation, sur le marché du travail ou en politique que dans la répartition des taches domestiques

 

 

 

La stratification sociale : moyennisation ou bipolarisation ?

Il y a eu une réduction des inégalités au cours du 20ème siècle et même si ces inégalités remontent aujourd’hui, le niveau est inférieur à celui d’après guerre. On parle donc d’une baisse séculaire des inégalités à l’origine  d’une moyennisation de la société.

Cela se manifeste par une homogénéisation des modes de vie qui  serait du à  la disparition des paysans faisant disparaître un groupe qui avait un niveau de vie faible.  La réduction des inégalités des revenus et du patrimoine serait aussi à l’origine d’une homogénéisation des modes de vie. Cette baisse des inégalités a été possible grâce à la croissance des trente glorieuses qui a permis d’augmenter la part des salaires dans la valeur ajoutée et  à l’action de l’Etat en faveur des bas salaires( création du Smic). La mobilité sociale permise par l’augmentation de l’éducation permet également une homogénéisation des niveaux de vie. Enfin, la télévision et l’enseignement de masse permettent également de véhiculer la culture de masse et favorise donc la consommation de masse d’où une homogénéisation des modes de vie.

L’autre symptome de cette moyennisation est l’avènement d’une grande classe moyenne si on reprend l’analyse de Mendras, dans la société l’élite et les pauvres sont peu nombreux (10% de la population) et au milieu se concentre une grande classe moyenne composée de plusieurs constellations: une constellation centrale composée de cadres, d’enseignants, d’ingénieurs et d’une partie des professions libérales, une constellation populaire faite d’ouvriers et d’employés,  il y a également les indépendants et une catégorie divers qui comprend les agriculteurs exploitants, une partie des professions libérales, de grands entrepreneurs et négociants. Pourtant, aujourd’hui, une menace semble planée au dessus de la classe moyenne. Ainsi, cette grande classe moyenne tend à se fractionner. Elle perd en homogénéité entre ceux qui voient s’évanouir leur rêve de promotion en raison du chômage et la promotion de ceux qui s’élèvent par leur patrimoine acquis par l’héritage ou par des modes de rémunération comme les stock options. La classe moyenne se décompose donc en une fraction dominée victime de la précarité et du déclassement et une fraction dominante

 

La persistance des inégalités et la polarisation de la société

Il y a des inégalités dans les pratiques culturelles des classes sociales. Ainsi, selon Bourdieu, la classe dominante qui possède le capital culturel est composée d’une fraction dominée qui ne possède  pas de capital économique. Ce sont les professeurs, les cadres de la fonction publique et les artistes et d’une fraction dominante qui possède le capital économique et le capital culturel. Ce sont les ingénieurs, les professions libérales et les patrons d’industries et de commerce. Cette classe dominante a des pratiques légitimes qui sont imitées par la classe moyenne (les petits commerçants et les artisans  et les instituteurs, cadres moyens, employés et contremaîtres) qui une bonne volonté culturelle mais qui se trompe (ex : l’opéra) Quant à la classe dominée (d’ouvriers, des manœuvres et des exploitants agricoles) a le goût du nécessaire.

Or, en raison de cet habitus fortement intériorisé, on ne peut que douter de cette réduction des inégalités. Pour Bourdieu, les dominants ont toujours cherché à se distinguer  des dominés. Si il y a eu homogénéisation, elle n’a été qu’apparente. . De plus, il y a aujourd’hui en plus des inégalités inter catégorielles, des inégalités à l’intérieur des catégories. La transformation du salariat explique cette montée des inégalités intra catégorielles puisque la précarisation qui engendre des inégalités s’associe à une montée de l‘individualisme. Il y a donc une bipolarisation entre les inclus et les exclus à l’intérieur de chaque catégorie. Enfin, pour Chauvel, il y a un retour des classes à plus ou moins long terme puisqu’aujourd’hui, les inégalités se renforcent ce qui devrait faire émerger une conscience de classe et donc concourir à ce retour des classes

 

II- Idéal démocratique et inégalités

Tocqueville voit que la démocratie est garante de trois types d’égalités : l’égalité juridique c'est-à-dire que les individus naissent égaux en droit, l’égalité des chances c'est-à-dire que la mobilité sociale est possible et l’égalité de respect (appelée aussi égalité des considérations) c'est-à-dire que les individus ont une représentation mentale de cette société

 

Si on s’intéresse à l’égalité des droits on voit que la société est passée par différentes étapes. A la fin du XVIII° c'est l'affirmation des droits civils qui sont des droits-libertés( liberté de parole, de pensée par ex). Pour protéger ces droits, le citoyen doit respecter les normes juridiques et se doit de payer ses impôts, le citoyen a aussi le devoir militaire. Le XIX° siècle voit progressivement se construire des droits politiques: droit d'élire et d'être élu. Au XX° siècle, on met en place les droits liés à l'Etat Providence. Se constitue alors un devoir de solidarité par le biais des cotisations notamment. Et aux droits-libertés s'ajoutent à ce moment des droits-créances.

 

l’égalité des chances est le principe selon lequel la situation sociale d’un individu ne dépend pas de son origine sociale, ethnique ou de son sexe. Dans une première acceptation, on peut supposer que la méritocratie est le postulat de base. Mais le mérite ne se répartit pas de manière égalitaire d’où la deuxième acceptation qui repose sur l’idée de compenser les inégalités initiales pour qu’il y ait une probabilité égale pour tous d’accéder aux mêmes positions sociales

 

Toutefois, il faut dire qu’une société démocratique civile ne signifie pas forcément qu’il y aura égalité des situations.

 

Il faut maintenir les inégalités

Certaines inégalités ne doivent pas être corrigées car elles sont justes c’est le cas si elles sont le fruit de différence de travail par exemple. Elles sont alors souhaitables car elles vont inciter les individus à travailler plus ce qui transposé sur le marché du travail va amener à produire plus ce qui sera source  de croissance. De plus, le revenu important de certains qui est le fruit d’inégalités de revenus leur permet d’épargner davantage (la propension marginale à épargner augmente avec le revenu). Or, cette épargne va être utilisée pour l’investissement qui est source de croissance. Cette inégalité des richesse sera donc favorable aux plus pauvres de demain car les fruits de la croissance vont être distribués sous forme d’augmentation de salaires ou  de baisse des prix ce qui améliorera leur situation. Enfin, les inégalités donnent des informations indispensables aux acteurs économiques en même temps qu’elles leur donnent des guides de comportements. 

De plus, il apparait que la réduction des inégalités soit nuisible pour les libéraux. Ainsi, selon Tocqueville l’égalité  permet l’émergence d’une vaste classe moyenne qui va être marqué par l’individualisme, il y aura alors un désintérêt profond pour le débat public. Ceci permettra la tyrannie d’un homme ou de la majorité ce qui les privera de liberté. Il faut savoir que la passion pour l’égalité va être à l’origine de l’intervention d’un pouvoir immense et tutélaire l’Etat qui va empêcher le libre fonctionnement du marché. Quant à Hayek, il pense que l’on ne peut pas lutter contre les inégalités car ceci est injuste. Ainsi, personne n’étant responsable de la situation des plus pauvres, on ne peut punir personne. Les inégalités étant le fruit de millions de décisions individuelles sur le marché, décisions dont les conséquences sont imprévisibles. Le fait de prélever  les revenus des plus riches pour redistribuer aux plus pauvres serait le fait d’un tyran car les plus riches ne sont pas responsables de la situation des plus pauvres.

Enfin, corriger les inégalités serait désincitatif. Si on verse à tous un revenu moyen qu‘il travaille ou non en mettant en place un système de redistribution alors les agents rationnels qui arbitrent entre le travail et le loisir préfèreront le loisir. Il y aura une baisse de la production et donc de la croissance. En termes de desincitation à l’effort, Laffer a prolongé ce raisonnement par la célèbre formule « trop d’impôt tue l’impôt » voyant alors l’effet desincitatif de l’impôt sur l’effort et donc sur le travail. A l’autre extrémité, ceux qui perçoivent des prestations sans travailler ne vont pas être incités à chercher un emploi.

 

Inégalités et justice sociale

Pour d’autres auteurs au contraire, il faut corriger les inégalités car elles peuvent être à l’origine de conflits entre les classes comme Marx l’avait annoncé. De plus, dans une approche keynésienne, on sait que les plus pauvres sont ceux qui ont une propension marginale à consommer la plus élevée. Mais si leurs revenus sont très faibles alors leur consommation est faible. Or, la consommation a un impact sur la croissance. Il faut donc réduire les inégalités par le biais de la redistribution verticale pour qu’elle stimule la consommation des plus pauvres  et donc la croissance.

Pour réduire les inégalités, on privilégie le principe de l’équité. Pour mettre en place ce principe, Rawls imagine une  société "originelle" fictive où chacun ne peut savoir quelle dotation lui sera donnée  C'est  le paradigme du "voile d'ignorance".Dans cette "position originelle" les principes de justice que choisiront les individus sont forcément plus empreints de solidarité. Cette société juste obéira à plusieurs principes: chacun doit jouir du maximum de liberté compatible avec la même liberté pour tous et  les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de manière à ce qu’elles soient attachées à de positions économiques et sociales accessibles à tous (égalité des chances) C'est le principe d'égalité et un second principe "principe de différence"  doit être respecté, les inégalités ainsi tolérées doivent être à l'avantage des plus défavorisés. On appelle ce principe le maxi-min. un exemple d’équité est la discrimination positive qui est le fait d’accorder à certaines catégories de la population un traitement plus favorable. Elle prend deux formes : c’est-à-dire une sélection dans l’accès à certaines prestations sociales et des quotas. Mais, l’équité a aussi un certain nombre de limites :en remettant en cause le pacte républicain (tous égaux) ce qui pourrait briser la cohésion sociale et les effets de seuil vont générer une société à deux vitesses

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